Mais
notre soif de pouvoir n’était jamais assouvie et des décennies de
querelles perpétuelles entre les clans commença à créer des divisions
au sein même de notre race. Bientôt des factions apparurent, cherchant
chacune à s’approprier le domaine des orques. Ces petites disputes se
transformèrent en conflits armés, puis en guerre tandis que la soif de
conquête brûlait dans nos veines. S’il n’y avait plus de terres sous
contrôle ennemi, c’étaient celles de nos frères que nous étions prêts
à attaquer.
Les
Warlocks étaient le seul clan à ignorer cette course au pouvoir. Vivant
reclus dans leurs tours, ils comprirent l’importance du danger. Bien que
les nécromanciens se réjouissaient de voir le sang des batailles couler
comme des rivières souterraines alimentant la terre, les Warlocks
redoutaient de voir un jour prochain l’extinction de leur peuple. L’équilibre
fragile qui leur permettait de contrôler les pouvoirs qu’ils maîtrisaient
et qu’ils invoquaient pour faire de la magie risquait d’être perturbé.
Pour maintenir cet équilibre, les hordes orques devaient continuer à se
battre contre un ennemi commun.
Au
cours d’une période de recherche, une légère déchirure dans le tissu
dimensionnel fut remarquée. Pendant des années, les Warlocks essayèrent
de percer ce mystère. Après de nombreuses expériences, ils conclurent
que ce phénomène, s’ils parvenaient à le contrôler, pouvait servir
de porte vers de nouvelles dimensions. Les Warlocks entamèrent des expérimentations
sur la fissure, l’élargissant progressivement et la rendant plus
stable. Ils finirent par créer un petit portail suffisamment grand pour
laisser passer un membre de leur clan.
Les
histoires que ramena celui-ci donnèrent presque à croire à ses collègues
qu’il était devenu fou, mais les plantes étranges et inconnues qu’il
rapporta servirent à confirmer ses dires. La secte put ainsi approcher
les plus grands chefs des différents clans et leur demanda de cesser leur
guerre pendant un an. Les Warlocks leur promirent qu’à la fin de cette
période, ils pourraient s’attaquer à la conquête d’un nouveau
monde.
Plus
elle s’élargissait, plus la fissure devenait facile à contrôler et
après trois lunes, il fut possible d’y faire passer un détachement
entier de troupes, en route pour ce nouveau monde. Un cercle d’énergie
bleu, environ de la largeur de deux orques et demi, fut la première chose
que virent les chefs du clan. Des filets de lumière rouges et noirs
tournaient autour du cercle dans un bruit crépitant de feux irréels
encore jamais vus de mémoire d’orque. Sept guerriers devaient pénétrer
et revenir avec un rapport détaillé du type de terres et de créatures
existant de l’autre côté. Mais lorsque les Warlocks commencèrent
leurs incantations pour accéder au pouvoir de la fissure, un hurlement se
fit entendre – sourd au départ, puis gagnant graduellement en
puissance, comme un loup hurlant à la mort une nuit de pleine lune.
Lorsque le son devint insoutenable, on indiqua aux guerriers de pénétrer
dans le cercle, se retrouvant ainsi projetés dans un feu d’artifice de
mille couleurs s’emmêlant et se heurtant dans une sorte de danse
cosmique. Jamais ces sept guerriers n’auraient pu se douter de ce qui
les attendait.
Le
pillage du village était un fait minime, tout juste digne d’être
mentionné. Mais l’histoire a été racontée des centaines de fois et
sera sans doute encore racontée et savourée des centaines de fois. Le
premier vrai signe de résistance rencontré fût un groupe de bâtiments
étranges, aux formes extrêmement pointues. Un chemin boueux conduisait
à trois fermes. L’aube grise brillait tandis que le soleil de ce monde
se levait sur le sommet des collines. C’était une sphère brillante et
jaune, d’une luminosité deux fois plus forte que le nôtre, qui rendait
la température pendant la journée difficilement supportable. Soudain, ce
qui devait être certainement un des habitants de ces terres sortit
d’une étrange petite hutte. Ces créatures étaient petites, roses, et
très peu musclées. Les guerriers échangèrent des sourires malicieux, réalisant
que s’il s’agissait là du genre de ‘’bétail’’ qu’ils se
devaient de parquer pour conquérir ce monde, la victoire ne serait
qu’une question de secondes. Bondissant de leur cachette, ils attaquèrent
le village et tuèrent toute âme vivante. Les hommes résistèrent un
peu, mais avec les femmes et les enfants, c’était comme envoyer des
cochons à l’abattoir. Leurs maisons contenaient très peu d’objets de
valeur, mais leurs champs regorgeaient d’une céréale délicieuse. Leur
bétail, pour ce qu’il y en avait, s’avéra également excellent. Ils
brûlèrent tout ce qui n’était pas comestible et tout ce qui n’était
pas transportable. Les babioles que rapportèrent les guerriers étaient
d’un artisanat différent de celui des orques et les chefs de clan se
les approprièrent rapidement pour le compte de leurs hordes respectives,
comme trésor. Ce nouveau monde aux vastes étendues protégées par de
faibles créatures inoffensives constituerait un beau joyau à ajouter à
la couronne des orques.
Notre
devise d’ascension est simple – seuls les plus forts survivent. Tous
les problèmes politiques ou autres querelles sont discutés ouvertement.
Dans de nombreux cas, ceci peut conduire à des hostilités, mais c’est
la manière la plus rapide et la plus simple d’arriver à un résultat
dans la plupart des débats. Chaque orque a le droit d’exprimer ses
opinions tant qu’il peut soutenir ce qu’il avance, par des faits
ou…par le fer. C’est un signe de puissance d’avoir le dessus, et la
puissance est une qualité hautement estimée par les hordes. Une victoire
décisive dans une bataille élève le commandant et ses guerriers à une
position d’honneur et d’autorité. Cependant, cette position est précaire,
car plus on monte et plus on va loin, plus la chute risque d’être…fatale.
Nous
en savons maintenant davantage sur ce nouveau domaine, et sur ses
habitants. Bien que difficiles à comprendre à bien des égards, ils se
sont avérés assez semblables à nous dans un sens. Un coup net porté à
la tête provoquait la mort. La nourriture leur était indispensable pour
vivre. La douleur les affectait de la même manière qu’elle affecta
tous nos ennemis et s’avéra être un moyen efficace d’extorquer des
informations.
Les
toutes premières information que nous rassemblâmes nous permirent
d’apprendre que cet endroit s’appelait Azeroth et que ses habitants
s’appelaient les humains. Nous commençâmes prudemment notre
colonisation d’Azeroth en apprenant ce qu’il y avait à apprendre,
mais trop vite, les jugements irréfléchis prirent le dessus tandis que
la soif de conquête salissait les palettes des chefs des clans orques.
Après bien des querelles, il fut décrété qu’on attaquerait
l’imposant château situé au nord afin d’en finir avec nos ennemis et
s’emparer du trône du pouvoir. De plus en plus de guerriers furent
envoyés à travers la fissure, emmenant avec eux ce qui semblait être
l’essence de notre nouveau monde. Les Warlocks déclarèrent que c’était
sans doute dû au portail lui-même, mais très bientôt les terres
entourant l’entrée de notre passage devinrent aussi désolées que les
nôtres.
Il
fut facile de pénétrer dans le château car la prospérité qui rendait
ce pays si beau à nos yeux avait fait des humains des êtres faibles.
Leurs gardes étaient mal préparés lorsque nous forçâmes leurs portes
et escaladâmes les murs de leur forteresse. Leurs hommes essayèrent tant
qu’ils purent de nous arrêter, mais comme nous étions bien plus
nombreux et bien plus forts, le combat tourna vite à notre avantage. La
victoire nous était assurée, mais c’était compter sans l’arrivée
de leurs grands soldats cavaliers. Ces ennemis étaient montés sur des bêtes
toutes en muscle qui vinrent se jeter avec force sur nos troupes et leur
occasionnèrent autant de dommages que le firent leur cavaliers. Ces
chevaliers ( c’est ainsi que nous avons appris à les connaître ) rallièrent
les quelques soldats qui restaient et commencèrent à nous chasser hors
du château. Nous étions impuissants lorsqu’ils nous forcèrent à
battre en retraite vers le portail qui nous ramenait vers notre monde.
Malgré quelques tours de magie, ils étaient toujours à nos trousses,
derrière nous, sur les côtés, dans notre chemin. C’est à peine si
nous réussîmes à atteindre l’entrée des marécages qui entouraient désormais
le portail et à laisser nos poursuivants dans ces profondeurs obscures.
Voilà
maintenant quinze ans que cette décision coûteuse a changé le cours de
notre destin. Beaucoup réclamèrent la fermeture de la porte tandis que
d’autres factions défendaient l’idée d’une nouvelle attaque contre
les humains avec la totalité de nos forces. De ce chaos, un seul orque
s’est élevé avec un esprit malin et rusé que peu possédaient. A coup
de manipulations prudentes et grâce au soutien qu’il rencontrait, sa
voix se fit plus forte au fil du temps. Une fois le plus gros de
l’opposition écarté, il y eut très peu de monde pour contrecarrer ses
plans et le Grand Chef de Guerre orque, Blackhand, régna bientôt en maître
sur notre peuple. Seule sa soif de pouvoir dépasse sa cruauté et sa prédominance
au combat. Il a étudié les moyens qu’utilisent les armées humaines
pour vaincre, grâce à leurs stratégies et leurs ruses, des troupes
d’orques plus nombreuses et plus puissantes. A partir de ces tactiques,
il a appris à organiser les attaques confuses de nos commandos. Il
consulta les deux maisons des arts d’arcane, à la recherche d’armes
nouvelles qu’il pourrait ajouter à son arsenal. Le point culminant de
ses projets était l’union de tous les clans orques – les armées, les
Warlocks et les nécromanciens – en vue de la destruction de la race
humaine. Nous entrons désormais dans l’âge du Chaos.
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