C’est avec la fureur d’un
ouragan, que nous nous abattîmes sur les terres de Dranei, dévastant et
détruisant tout sur notre
passage. Aucune vie ne fut épargnée. Aucune bâtisse ne fut laissée
debout. Rouges du sang des
Dranei étaient les champs qu’ils avaient cultivés depuis cinq mille
ans. Apre était l’odeur dégagée par les
corps de leurs jeunes guerriers brûlés vifs sur les feux de joie
célébrant notre victoire. Ainsi mourut le
peuple Dranei, qui finalement avait toujours fait preuve de faiblesse. Il
ne méritait guère l’application que nous
avions mise à l’exterminer. L’aisance avec laquelle nous avions
remporté cette victoire éclatante ne
faisait qu’accentuer leur infériorité...
Ainsi en fut-il toujours pour mes semblables. Le penchant
des masses pour la brutalité et la barbarie est aisément
manipulé par ceux qui détiennent le vrai pouvoir. C’est bien le
pouvoir qui fait avancer la Horde, cette
formidable machine de destruction. Certains pensent être les détenteurs
de ce pouvoir et rallient d’autres
clans sous la bannière de la violence. Pourtant, en l’absence d’un
adversaire commun, il ne reste aux
chefs des orcs qu’à se battre entre eux. C’est la soif de destruction
qui anime ces barbares. Il n’est pourtant
qu’une et une seule motivation honorable : le pouvoir.
Moi, Gul’dan, maître de tous les Sorciers et Initiateur
du septième cercle du Conseil des ombres, connais mieux
que quiconque le sombre et ardent désir que peut inspirer le pouvoir, le
pouvoir absolu.
Les Chamans de mon clan m’enseignèrent dès le plus
jeune âge les arcanes de la magie des orcs. Je canalisais les
froides et maléfiques énergies de l’Enfer sinueux avec aisance et
naturel. Mes dons me valurent rapidement d’être
remarqué par les autres Chamans. Très vite je compris que Ner’zhul
lui-même, le plus puissant de
mes maîtres enviait mes pouvoirs qui ne cessaient de s’affirmer.
Mes ambitions surpassaient celles de mes pairs aussi bien
que celles de mes maîtres, car je n’ignorais pas que
leur champ de vision était limité par le dévouement qu’ils portaient
à la Horde et à son avenir. Je n’avais que
faire pour ma part des mesquines querelles des orcs. Je n’avais que
faire de ce monde que nous dominions entièrement.
La seule chose qui m’importait était d’appréhender les mystères
insondables des Ténèbres de l’au-delà.
J’avais déjà en secret entrepris d’explorer des énergies dont mes
précepteurs ne soupçonnaient pas
même l’existence. C’est alors que je découvris le Démon Kil’jaeden.
J’avais pour son insensible et glaciale
fureur une admiration sans limite. Assister à la démonstration de ses
pouvoirs suffisait presque à me
consumer. Furtivement, lors d’un cauchemar fébrile qu’il m’avait
envoyé, je touchai du doigt l’essence de
l’au-delà. Je fus alors littéralement envahi par un désir inassouvi,
la volonté de dompter la force des
ouragans spirituels, l’envie de piétiner le cœur mourant des astres en
fusion.
Sous la tutelle de Kil’jaeden je pris conscience de l’insignifiance
de mon propre savoir. Je pris connaissance de
l’histoire insoupçonnée des Démons antiques, des dimensions magiques
primitives. J’appris l’existence de
mondes inconnus, innombrables poussières dispersées dans les ténèbres
par delà nos horizons. Seul un être de
mon envergure pouvait envisager de mener la Horde à la conquête de ces
mondes nouveaux. Cependant que
mon corps restait aux côtés de mon peuple sur les terres écarlates et
noires des Dranei, j’apprenais à
projeter mon esprit dans les abysses de l’Enfer sinueux, poussé jusqu’aux
limites de la démence par les
murmures confus que je percevais. Il me semblait que je courais vers une
mort certaine, je répétais pourtant
inlassablement ces voyages jusqu’au jour où, libéré totalement de ma
substance corporelle, je compris
le sens des paroles chuchotées...Je pus enfin parler à la mort. La
religion des orcs est depuis toujours fondée sur le culte des ancêtres.
Alors que tous les orcs de la Horde étaient
persuadés que leurs aînés veillaient sur eux et les guidaient depuis
les profondeurs d’un royaume de
l’au-delà, je tenais pour ma part ces croyances pour des légendes sans
fondement réel. Je découvris en pénétrant
l’Enfer sinueux que l’esprit des morts continue en effet son voyage,
et vagabonde, flottant aux vents
des astres de l’entre-deux mondes. Je constatai que les esprits
continuaient après leur mort d’observer
leur clan en silence, dans l’espoir de trouver un jour une échappatoire
à leurs tourments éternels. Je
compris alors que ces esprits pourraient être utiles à celui qui saurait
leur imposer sa volonté.
Les années passèrent. Kil’jaeden avait fait de moi le
plus puissant des Sorciers que les clans aient vu depuis des
générations. J’étais un chef très respecté au sein de la Horde,
mais comme toujours, de fortes tensions opposaient
les clans. Les Dranei anéantis, les fous de guerre n’avaient plus rien
à se mettre sous la dent. Après
des siècles de guerres et de violence, nous avions fini par conquérir la
totalité de notre monde. L’anarchie
régnait désormais sur les clans qui n’avaient plus ni ennemis à
combattre ni territoires à conquérir. Le
moindre désaccord entre deux clans se réglait par de violentes batailles
pour se terminer dans un bain de
sang. Les chefs qui se risquaient à prendre les choses en main ne
tardaient guère à se faire occire par une
escouade d’orcs. Je sus que le moment était venu pour moi de
revendiquer le pouvoir que j’avais si
longtemps négligé.
Je m’empressai de rassembler les rares Sorciers qui
avaient fait preuve d’une once de passion et montré qu’ils
possédaient l’ambition de s’élever au-dessus des querelles mesquines
des clans déchirés. Je transmis à
ces seuls Sorciers la connaissance des morts et leur inculquai les secrets
rituels de communion avec les
esprits de l’Enfer sinueux. Certains d’entre eux, incapables de
maîtriser pareils pouvoirs, ne purent y
survivre. Ensuite un pacte fut conclu entre les membres de notre cercle et
les esprits des ténèbres que nous avions
appris à invoquer. Il fut décidé que mon rôle consisterait à
manipuler les volontés, alors
que les autres Sorciers seraient protégés contre les caprices
des masses assoiffées de sang. Ainsi naquit le Conseil des
ombres.
Il suffit de quelques mois pour que le Conseil des ombres
infiltre les institutions
politiques des orcs. Rien de ce qui survenait au
sein de la Horde ne nous était inconnu, et de nombreux événements
étaient de notre fait - si intelligemment planifiés que
les chefs des clans eux-mêmes ignoraient tout de nos manipulations.
En six mois nous avions atteint le contrôle total
de tous les rouages internes de la Horde. Pourtant, derrière
nos machinations secrètes se profilait l’ombre du
silencieux et odieux Démon Kil’jaeden.
Dans le dessein d’élargir
nos pouvoirs surnaturels, je
créai une nouvelle école de magie, la nécromancie, et
commençai à former de jeunes Sorciers aux arcanes de
la vie et de la mort. Une nouvelle fois sous la tutelle du
Démon Kil’jaeden, ces Nécrolytes se plongèrent dans
les abîmes de la magie noire jusqu’à ce qu’ils aient
acquis assez de pouvoir pour animer et contrôler les cadavres. Chaque
victoire, chaque succès pourtant, laissait en moi un vide que je ne
pouvais combler. Je réalisai
alors que le Conseil des ombres ne pourrait servir mon dessein que dans une certaine mesure, et qu’il me
faudrait bientôt conquérir force plus puissante encore pour réaliser notre destinée.
La maîtrise des forces -
Medivh et Blackhand
Tout se déroulait pour le mieux au sein de la Horde. Le
Conseil des ombres était parvenu à pacifier les clans belliqueux
en leur faisant miroiter la promesse d’une vie éternelle. Pourtant je
savais que le répit ne serait que
de courte durée, comme le fut celui que nous avait apporté la guerre
contre les Dranei. Il me fallait trouver
de nouvelles terres de conquête pour les orcs. Une nuit alors que je
consacrais mes méditations à
cette question, je fus brusquement tiré de ma contemplation par des cris
qui venaient de la tour des
Sorciers. je m’empressai de les rejoindre, et trouvai mes apprentis
prostrés, enfermés dans de profondes transes,
le visage déformé par la douleur. Les Sorciers que je questionnai
fébrilement me contèrent qu’une inexplicable
présence avait troublé leurs rêves. Je repris le chemin de mon antre,
très intrigué : pourquoi donc
cette étrange créature qui avait communiqué avec les autres Sorciers n’avait-elle
pas tenté d’entrer en contact
avec moi ?
Je me tournai vers Kil’jaeden pour me renseigner sur
cette présence. Il avait lui aussi ressenti son pouvoir - un
pouvoir qui surpassait de loin tout ce qu’il avait connu jusque là. J’ignore
si c’était la peur que cette force inspirait
à ce Démon funeste ou ma propre excitation qui me poussa à explorer
sans but les méandres de l’Enfer
sinueux pendant ce qui me sembla être une éternité.
C’est dans la fièvre de mon voyage que la Présence
finit par entrer en contact avec
moi. La force qu’elle irradiait était inouïe,
mais il lui manquait le contrôle inflexible dont Kil’jaeden
faisait montre. A mesure que je retrouvais mes sens,
ma peur s’évanouissait, et mon esprit retournait à
la raison et aux calculs. Je savais que malgré son
pouvoir inimaginable, il me suffirait de deviner les
désirs de cette force pour l’asservir à mon propre projet.
La Présence déclara être un Sorcier nommé Medivh
et venant d’un monde lointain. Nous
communiquions sans mots, mais par une réunion
vigilante de nos deux esprits. Son savoir me parut
infini, mais la diligence de ses pensées m’empêchait
de l’explorer. Dès le début je compris qu’il
me mettait à l’épreuve, tout en cherchant à en savoir
plus sur les orcs et leur magie. Il tirait de moi plus
de renseignements que je ne pourrais jamais en
obtenir de lui, c’est pourquoi très vite, je rompis le
contact.
J’implorai une fois
de plus Kil’jaeden pour lui demander
conseil, mais il refusa de répondre à mes
incantations. Je compris qu’il craignait Medivh, et
que cette peur l’avait poussé à abandonner son enseignement. Je fus à
nouveau plongé dans le doute à propos
de mes compétences. Comment pourrais-je lutter contre un être qui avait
intimidé mon maître lui-même
? Pendant plusieurs semaines je continuai de me perdre dans l’Enfer
sinueux, incapable d’oublier les
raisons de mon trouble et de mon questionnement. Puis soudain, une nuit,
Medivh m’apparut en rêve..."Je t’effraie car je dépasse ton
entendement. Contemple mon univers. Tu comprendras alors ta peur. Et elle s’évanouira."
Je
ne pus résister à ce qui s’ensuivit :
...terres arides...
...sombres marécages, fourmillant de vie...
...prairies verdoyantes à perte de vue...
...forêts d’arbres majestueux...
...cultures et récoltes en abondance...
...villages peuplés d’individus vaillants et fiers...
Les images affluaient, se succédant à un rythme
effréné, trop rapide pour les discerner. Et puis...cette chose. Une
vision fugace, qui allait dans mon âme engendrer un trouble durable...
...enfoui au plus profond de l’océan ; ruines sombres
- un souffle de vie persiste...
...nourri par le sang de la terre...
...un pouvoir antique...
...ancien et terrible...
Je m’éveillai. Je repris conscience, sachant que mon
songe était bien réel. Medivh m’avait montré les merveilles de
son pays, sachant que la Horde n’aurait de cesse de faire sien ce
nouveau monde...
Je convoquai une réunion avec les membres du Conseil des
ombres pour évoquer mes visions. Certains mirent
en doute les bonnes intentions de Medivh, mais je rétorquai que nous
tenions là une chance inespérée d’échapper
au confinement de notre monde. Nous allions demander l’aide de Medivh
pour parvenir jusqu’à son
monde. Nous soumettrions ensuite les siens de la même manière que nous
avions jusqu’ici vaincu tous ceux
qui s’étaient trouvés sur notre chemin. Medivh était apparu à de
nombreux Sorciers qui avaient eu les
mêmes visions d’un pays neuf et fertile. Nous convîmes pourtant de ne
pas ébruiter l’énigmatique message.
Tous les Sorciers qui firent ce rêve furent occis ; il importait de ne
pas révéler le secret avant que tout
ne soit prêt pour éviter que la Horde ne se divise. Les semaines
passèrent et Medivh ne se manifesta point.
Vaines furent mes tentatives pour entrer en contact avec lui. Il semblait
s’être volatilisé de l’Enfer sinueux.
Certains des membres du Conseil avaient abandonné tout espoir de revoir
un jour l’enchanteur...
...Puis la faille
apparut...
Il fallut attendre un
temps considérable pour que la faille soit assez large pour autoriser le
passage des orcs en masse. Les
premiers éclaireurs envoyés de l’Autre côté revinrent rendus presque
déments par tout ce qu’ils
avaient vu. Notre détermination restait entière malgré ces premiers
échecs. Les envoyés qui suivirent nous
confirmèrent que le monde de l’Autre côté paraissait correspondre à
celui qui nous était apparu dans nos
visions. En ajoutant aux pouvoirs des membres du Conseil des ombres ceux
des clans de Sorciers de la
Horde, nous pûmes aisément élargir la faille jusqu’à en faire une
Porte. Grâce à cette porte, de très nombreux
orcs purent être dépêchés vers le pays inconnu. Rapidement un
avant-poste fut construit de l’autre
côté de la faille, et des soldats partirent reconnaître et explorer les
alentours. Les agents du Conseil
des ombres nous rapportèrent bien vite que les habitants de cette
contrée que l’on nommait
Azeroth étaient des Humains. Ils avaient découvert que la race des
Humains était faible, qu’il s’agissait d’un
peuple pacifiste et rural vivant de ses cultures. J’en conclu d’abord
qu’ils n’opposeraient pas plus de
résistance que ces pitoyables Dranei, et que les combats n’occuperaient
guère les orcs de la Horde. Mais déjà,
les chefs des clans étourdis par leurs pulsions sanguinaires et
belliqueuses avaient pris la décision de
quitter notre vieux monde et de réclamer le domaine d’Azeroth.
Alors que le Conseil des ombres continuait de contrôler
les luttes intestines de la Horde, les masses continuaient de
voir en leurs chefs de véritables meneurs. Deux des chefs de clans se
distinguaient par le respect et
la terreur qu’ils inspiraient aux autres clans. Il s’agissait de Cho’gall,
Ogremagie du clan de Twilight’s
Hammer et de Kilrogg Deadeye du clan de Bleeding Hollow. On attendait de
ces grands chefs qu’ils prennent
le commandement de la Horde et la mènent vers une victoire rapide et
radicale sur les Humains. Ainsi,
alors que les troupes de la Horde avançaient en direction de la faille d’Azeroth,
Cho’gall et Kilrogg tiraient
les plans de leur incursion contre la forteresse de Stormwind.
Cet assaut fut une véritable catastrophe. Nos armées,
prévoyant de ne se heurter qu’à une très faible résistance, avaient
chargé la forteresse ennemie de front. Les soldats Humains nous
étonnèrent en tenant nos armées en échec.
Puis ils lancèrent sur nos troupes des guerriers montant des bêtes
nerveuses et musclées. Nous fûmes forcés
de nous replier vers les marécages entourant notre avant-poste et la
Porte. Il fallut pour nous
sauver invoquer les aveuglantes brumes de l’ombre. Cette défaite totale
et humiliante sema le plus grand
trouble au sein de la Horde. Cho’gall et Kilrogg invoquaient chacun l’incompétence
de l’autre pour justifier leur
déroute. La troupe des orcs fut rapidement divisée en deux groupes
soutenant chacun un des deux
chefs. Le Conseil des ombres cherchait désespérément à remédier à
cette situation qui inévitablement
se terminerait dans un bain de sang. Mais les orcs sont des créatures
instables qu’il est extrêmement difficile
de raisonner. Je compris alors combien il était nécessaire qu’un homme
fort prenne la tête de la
Horde, et y reste, pour rassembler les divers clans autour de lui. C’est
ainsi que pour la première fois j’entendis
parler de Blackhand le destructeur...
Blackhand, chef du jeune clan Blackrock et assaillant de l’armée
de Sythegore, inspirait le respect de la
plupart des orcs de la Horde. Plus important encore, il était fort avide,
ce qui le rendait très corruptible. Soutenu par le
Conseil des ombres, je fis de l’ambitieux Blackhand le Seigneur de la
guerre. Il faut dire à sa
décharge qu’il devint un chef tyrannique et terrible que pourtant ses
guerriers admiraient. La Horde toute entière et
tous les chefs de clan rallièrent Blackhand et acceptèrent son
commandement. Cependant, moi, tapi dans l’ombre, je
dictais politiques et agissements à Blackhand en employant invariablement
chantage et corruption.
Depuis la nomination de Blackhand à la tête de la Horde,
l’ordre était revenu parmi les troupes des orcs. Le
visage de Medivh m’apparut à nouveau, il me sembla contrôler moins
bien son esprit, mais beaucoup mieux ses
pouvoirs cette fois. Il mandait que la Horde détruise le royaume d’Azeroth,
mais fasse de lui le souverain de son
peuple. Medivh tenta, en m’offrant maints trésors et babioles, de me
convaincre. Je lui rétorquai que la
Horde était maintenant dans la place, que rien ne pourrait la persuader
de faire selon le désir de
Medivh. Son visage alors esquissa un sourire railleur avant de faire
apparaître l’image d’un tombe au
antique sur lequel était gravé le nom du Seigneur des démons, Sargeras.
Le Tombeau de Sargeras ! Le
Seigneur des démons lui-même, le maître de mon propre maître enseveli
en ce monde grotesque et pathétique !
La destinée m’avait donc élu moi et nul autre...En effet, Kil’jaeden
m’avait appris que ce Tombeau perdu renfermait
le pouvoir absolu - un pouvoir qui ferait de celui qui le contrôlerait un
dieu vivant. Medivh jura alors de
révéler la position du Tombeau si j’acceptais d’utiliser les troupes
de la Horde pour anéantir ses ennemis...
C’est ainsi que la
Horde des orcs partit en guerre contre le royaume d’Azeroth.
La Première Guerre de
l'ascension des orcs
Nous prîmes aux Humains les terres d’Azeroth,
réduisant à néant tout ce que nous voyions. Garona, ma
tueuse dévouée, moitié orc, exécuta pour moi le souverain d’Azeroth,
le roi Llane, avant de m’apporter son
coeur encore chaud et palpitant. La Horde avait maintenant conquis la
domination d’Azeroth et vaincu
les pitoyables vermisseaux qui défendaient ce royaume, pourtant, mes
propres projets étaient bien
menacés. En effet, un petit groupe de guerriers Humains s’était
introduit dans la tour de Medivh pour
provoquer le Sorcier dément en combat direct. Frappé, déchiré en son
corps par les coups des glaives
d’Azeroth, Medivh me fit parvenir à travers les sphères astrales des
ondes télépathiques criant sa
douleur. Malgré ma force et mes défenses, je fus moi-même atteint. Je
tentai d’atteindre l’esprit
du Sorcier pour lui extirper la position du Tombeau de Sargeras,
malheureusement le Sorcier périt
sous les coups des Azerothiens avant que je ne pus dérober le précieux
secret. Comme je visitais encore
son esprit à l’instant de sa mort temporelle, je subis moi aussi un
violent contrecoup psychique qui
me plongea dans un état de catatonie profonde.
Pendant des semaines je restai étendu, inerte, dans
un état proche de la mort. Mes
fidèles Sorciers veillaient sur
moi. Je finis par m’éveiller pour apprendre
que le pouvoir avait changé de mains au
sein de la Horde. Blackhand avait été assassiné.
Privé de mes pouvoirs magiques et
de mes conseils, Blackhand s’était laissé surprendre,
il était tombé dans le piège que
lui avait tendu le plus fort et le plus respecté
de ses généraux : Orgrim Doomhammer.
Orgrim ne tarda pas à asseoir son pouvoir.
Il justifia son acte en accusant le
Destructeur de n’avoir pas été à la hauteur de
sa tâche, et appuya ses affirmations sur de faux témoignages
qu’il avait orchestrés.
La main du destin venait de me porter un coup
terrible.
Orgrim se mit en tête d’explorer les
moindres rouages internes de la Horde, ne tolérant
aucun point sombre. Ses espions réussirent
à prendre en capture Garona, ma
fidèle servante. Ils lui firent subir les pires tortures,
la forçant à leur révéler l’existence et le
lieu du repaire du Conseil des ombres. J’ignorais
qu’elle fût si faible.
Orgrim Doomhammer brandissant
la
tête de Blackhand
Sentant que le Conseil
des ombres pourrait l’empêcher
de prendre le contrôle de la Horde, Doomhammer
mena ses guerriers vers ma
Citadelle située non loin du Fort de Stormwind. Les Sorciers que cette
offensive prit par surprise tentèrent
de repousser la Horde aussi longtemps que leurs sorts le leur permirent.
Les assaillants ne leur laissant
aucun répit, ils ne purent renouveler leur énergie et durent céder à
la rage d’Orgrim. Doomhammer
sortait victorieux de cette bataille. Les Sorciers qui avaient survécus
furent convaincus de traîtrise,
et exécutés sur la place publique, ce qui affaiblit ma position autant
qu’elle renforça la sienne...
On me mena jusqu’à Orgrim, et je fus soumis à maintes
questions concernant mon implication dans le
Conseil des ombres. Affaibli par le contrecoup que m’avait fait subir la
mort de Medivh et par le combat
que j’avais mené au côté de mes compagnons, je n’étais pas en
position forte, je ne pouvais en
aucun cas prétendre représenter un danger, ou même une menace pour
Orgrim. Il me fit clairement comprendre
qu’il contrôlait entièrement la Horde, et qu’il ne se laisserait pas
manipuler aussi aisément que
son prédécesseur. L’éclat de son regard et le bronze de sa
musculature confirmaient ses dires, mais
je refusais de m’avouer vaincu. Alors qu’il semblait prendre le dessus
dans notre entrevue, je lui rappelai
que tous mes semblables avaient péris, et que j’étais par conséquent
le dernier Sorcier de la Horde.
Orgrim, que sa victoire rendait impudent admit que je pourrais lui être
utile, et m’accorda sa
"grâce". En mon for intérieur, je fis serment de lui faire
ravaler un jour ces paroles condescendantes.
Le Seigneur de la Guerre ne pouvait oublier sa méfiance
à mon égard, je réussis pourtant à le convaincre que
certains de ses guerriers prévoyaient de rejoindre les fils de Blackhand
et de se révolter. Ces
accusations étaient fausses, mais Orgrim soupçonnait déjà Rend et Maim, il s’empressa donc de disperser
l’escouade des prétendus traîtres dans
les différentes troupes Grunt. Je fis la promesse d’offrir à Orgrim, en gage de ma "loyauté"
envers lui et la Horde toute entière, une
unité de chevaliers morts-vivants qui lui seraient entièrement dévoués.
Doomhammer ne me faisait guère confiance, mais l’idée
le séduisait tant qu’il m’autorisa à me retirer pour créer
cette terrible armée.
Mes pouvoirs et l’assistance de mes Nécrolytes
ne
suffisaient pas à ressusciter ces masses sans vie.
Ces serviteurs ne m’apportaient ni force, ni
réussite. Je compris alors que leur esprit était consentant
mais que leur corps était faible. Je
décidai de les mener vers un autel grandiose fait
de bois d’arbre de fer et de racines maléfiques.
Je me livrai au pied de cet autel à
des incantations de magie noire, et pris la vie de
chacun d’entre eux. Le sacrifice des
Nécrolytes allait nourrir la création du
parfait serviteur mort-vivant.
Faisant appel aux rares contacts utiles que j’avais
gardés au sein de la Horde, je fis l’acquisition de cadavres
des Chevaliers d’Azeroth occis depuis longtemps. J’instillai dans ces
corps décatis et décomposés l’essence
spirituelle des membres les plus illustres du Conseil des ombres, ravis de
revenir dans les sphères
mortelles pour semer une fois encore malheur et dévastation. J’équipai
chacun de ces sombres chevaliers
d’un bâton orné de gemmes qui les aiderait à diriger les pouvoirs
surnaturels sur leurs cibles.
Ces pierres renfermaient la magie brute et nécromantique des Nécrolytes
que je venais d’occire. Ainsi
naquirent les Chevaliers morts-vivants.
Ces Chevaliers remplissaient de joie le coeur d’Orgrim
Doomhammer. Les esprits des membres du
Conseil des ombres, tout en restant entièrement dévoués à ma cause
feignaient d’être soumis au
Seigneur de la guerre. Satisfait de mon oeuvre, Orgrim me laissa vaquer en
paix à mes occupations.
Je saurai être patient, j’attendrai mon heure, feignant
servitude et loyauté envers ce présomptueux parvenu.
Le moment venu il saura qui de nous deux était le plus fort. La volonté
de découvrir le Tombeau de
Sargeras ne m’a point abandonné. J’ai rassemblé sous ma bannière le
clan de Stormreaver qui me
soutiendra quand il sera temps de faire payer Orgrim pour les forfaits qu’il
me fit subir...
Ce jour approche - mais
Orgrim Doomhammer n’a nulle idée du destin qui l’attend,